Decize : Terre d'accueil des PADHUE

Un Hôpital Éphémère pour Unir et Sensibiliser :

Le 19 novembre 2024, Decize se mobilise pour un événement inédit et symbolique, un événement qui marque un engagement fort contre la désertification médicale. Consciente des difficultés d’accès aux soins pour les habitants, Justine Guyot, Maire de Decize, a récemment fait parler d’elle avec un arrêté symbolique interdisant aux citoyens de « tomber malades »

Une démarche qui a attiré le soutien de plus de soixante communes de la Nièvre et une couverture médiatique nationale.

Suite à cette mobilisation, l’association iPadecc, qui milite pour la reconnaissance des médecins diplômés hors Union européenne (PADHUE), s’est associée à la ville pour organiser une journée de consultations gratuites dans un hôpital de campagne éphémère. 

Vingt-cinq praticiens de spécialités telles que la dermatologie, l’endocrinologie, la diabétologie, la gériatrie, la psychiatrie, et la dentisterie seront présents.

Accès aux Soins et Reconnaissance des Médecins Étrangers

La désertification médicale affecte de manière disproportionnée les territoires ruraux en France. L’accès aux soins y est limité, et cette inégalité est exacerbée par des obstacles administratifs empêchant des milliers de médecins étrangers titulaires de diplômes non reconnus par l’Union Européenne de s’installer librement en France, alors qu’ils exercent déjà dans des hôpitaux du pays. Environ 3 000 à 4 000 praticiens sont concernés, et leur régularisation pourrait être un levier puissant pour répondre aux besoins de santé dans les zones sous-dotées.

D’autant plus qu’une partie de ces médecins partent en Allemagne ou en Suisse, où la législation en vigueur est favorable à leur installation (2 ans d’exercice en Europe suffit), alors que l’État français n’arrive pas à prendre une décision.

Docteur Abdelhalim Bensaidi

« Le but, c’est défendre les droits des médecins étrangers et de combattre la précarité, de voir nos compétences reconnues, ainsi que nos expériences, nos acquis et surtout notre vécu dans le système de santé français, […] Nous souhaitons un statut digne pour tout le monde, une reconnaissance et une inscription à l’ordre, par une commission régionale avec une validation des acquis et de nos expériences par nos chefs de service. Les EVC sont des épreuves qui ne permettent pas de juger nos connaissances sur le terrain car elles portent sur des thèmes et sur des sujets trop restreints. Il faut bien sûr vérifier les connaissances des praticiens, alors adoptons un système qui n’est pas académique et chronophage comme les EVC. Parce que La préparation d’un tel concours, avec des quotas très faibles et arbitraires, demandent en outre du temps. Le temps, c’est ce qui nous manque, à nous, PADHUE, car nous travaillons 70 heures par semaine. »

Si on remonte un peu le temps, pour comprendre les étapes que vous avez passées, vous étiez en poste pendant la Covid ?

 » Oui, pendant la pandémie, j’ai servi à l’hôpital de Thann et à l’hôpital d’Altkirch mais aussi à l’hôpital de Mulhouse. Il faut se souvenir, nous avions un hôpital de campagne militaire à Mulhouse ! Je faisais partie des renforts demandés par le Président de la République. Vous pouvez imaginer, soigner les patients dans des tentes, ce n’était pas facile, médicalement et sur le plan de la logistique. Vous pouvez imaginer aussi les capacités d’adaptation et de réaction des soignants. Mais on a réussi, tout cela. Pour vous donner un exemple de mon implication, j’ai effectué 286 gardes en 2 ans. J’ai d’ailleurs une attestation signée par le ministère de l’intérieur qui le prouve. C’est une attestation de reconnaissance au travail accompli en vers la nation. C’est bien, mais croyez moi, ce sont surtout les patients qui étaient reconnaissants envers nous, soignants ! »

Bien que médecin avec un diplôme étranger, vous faites exactement le même travail qu’un médecin avec un diplôme français.

 » Oui, mon quotidien n’est pas différent de celui d’un médecin français. Il est juste plus stressant de savoir que le statut et le salaire ne sont pas identiques. Notre engagement envers les patients est exactement le même et notre manière de servir est la même. On espère que la République nous sera plus reconnaissante, un jour, du travail que nous faisons, quotidiennement et du soutien que nous apportons a notre système de santé. »

Justine Guyot, Maire de Decize

 » le 19 novembre prochain, nous vous invitons à nous rejoindre à Decize pour une journée de mobilisation sous la forme d’un « hôpital de campagne », qui se tiendra de 9h à 18h à la salle des fêtes. Vingt-cinq médecins diplômés hors Union européenne, en campagne pour la régularisation de leur statut, seront présents et offriront des consultations gratuites.

Cet événement vise à souligner l’urgence de renforcer l’accès aux soins dans la Nièvre et de mettre en lumière le potentiel de ces professionnels prêts à exercer dans les zones sous-dotées.

De nombreux spécialistes seront présents, notamment des dermatologues, endocrinologues, diabétologues, gériatres, psychiatres et dentistes, afin de proposer des consultations gratuitement.

Cette initiative est essentielle pour garantir un accès aux soins pour tous, quel que soit le domaine de spécialité. Il est primordial que nos habitants puissent bénéficier de soins adaptés à leurs besoins, et nous devons travailler ensemble pour assurer leur santé et leur bien-être »